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Des camions vont faire vibrer Genève pour un projet géant du CERN
Des analyses géophysiques seront effectuées dans quatre communes. Le lac sera aussi exploré depuis une barge. But: déterminer la nature du sous-sol sur le tracé du futur grand collisionneur. Publié aujourd'hui à 07h24
Des camions vibreurs vont opérer dans quatre communes genevoises pour le compte du CERN.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
En bref:
Le CERN vient d'obtenir le feu vert du Canton pour étudier le sous-sol genevois par la méthode de sondages sismiques, a appris la «Tribune de Genève». Ces analyses géologiques se situeront sur des points du tracé de son futur grand collisionneur, un superaccélérateur de 91 km de circonférence, dans l'hypothèse que le projet se réalise. C'est une autorisation spéciale de prospection qui est accordée par le Département du territoire.
Sur la terre ferme, ces opérations vont concerner les communes de Meyrin, Satigny, Dardagny et Russin. Il s'agit pour l'heure de mesures géophysiques avec le passage de camions vibreurs.
Contacté, le CERN dit ne pas être encore en mesure de déterminer la date du début des opérations. Mais en temps voulu, la carte des opérations prévues devrait pouvoir renseigner le public, histoire notamment de savoir à quoi s'en tenir en termes de nuisances. Si l'on se fie à cette carte, une quinzaine de routes et de chemins seront concernés.
Ces analyses sont nécessaires afin de s'assurer que le tracé envisagé du gigantesque anneau est placé de manière optimale. Elles devraient être complétées par des sondages en profondeur – il y en aura huit répartis entre les quatre communes – nécessitant l'acheminement d'une imposante foreuse , dont la tâche sera de réaliser des carottages pour déterminer la nature et la stabilité du sous-sol. Mais pour ces opérations-ci, les autorisations, déposées entre novembre et janvier derniers, sont toujours en attente. Opérations sur le lac
D'ici peu, les Genevois pourraient également s'étonner de voir une barge munie de sondes opérer au milieu du lac, environ à la hauteur de Bellevue et Collonge-Bellerive, le CERN ayant également obtenu le feu vert pour cette prospection lacustre. La propagation et la réflexion d'ondes acoustiques permettront de cartographier un sous-sol mal connu.
«La raison de ces investigations lacustres est exactement la même que sur terre, explique Anaïs Gerard, porte-parole au CERN. Le secteur du lac, à ces profondeurs, n'est pas suffisamment fourni en données géologiques, en particulier en ce qui concerne l'interface entre les dépôts quaternaires et la molasse. La profondeur de cette interface pourrait avoir des incidences sur le positionnement du scénario d'étude.»
Le CERN indique encore que ces activités lacustres impliqueront une coordination accrue avec les usagers du lac, professionnels et plaisanciers. Un long processus
Pour l'heure, ces analyses du sous-sol n'amorcent en rien ce mégaprojet destiné notamment à explorer davantage les secrets de l'univers. En mars dernier, le CERN avait rendu un rapport sur sa faisabilité , passant en revue les différents défis (en matière de géologie, de génie civil, d'infrastructure technique, ou encore les dimensions territoriale et environnementale).
En 2027 ou 2028 seulement, le Conseil du CERN, composé de représentants de 24 pays, décidera s'il entend ou non réaliser ce projet estimé à 15 milliards de francs, répartis sur douze ans.
Le futur grand collisionneur suscite toutefois d'ores et déjà des oppositions . Ses détracteurs, dont des associations locales comme Noé21, dénoncent un projet peu démocratique et en inadéquation avec les objectifs climatiques et d'économies d'énergie.
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Cathy Macherel est journaliste à la Tribune de Genève depuis 2010. Elle collabore à plusieurs rubriques, locale, Week-end et gère certains suppléments. Elle s'occupe notamment d'aménagement du territoire et affiche une prédilection pour les enquêtes et les approches magazine. Plus d'infos
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